sept. 10, 20

Techniques & Matériels

Comment pêcher la truite aux leurres ?

La pêche aux leurres est en pleine explosion depuis quelques années et cela ne touche pas seulement la pêche des carnassiers mais également la truite. De plus en plus de pêcheurs, qu’ils soient débutants ou confirmés se tournent vers la pêche aux leurres pour traquer la truite dans les ruisseaux et jusque dans les plus grandes rivières. Il faut dire que l’arrivée massive des leurres japonais a ouvert de nouveaux horizons et permet de ramener de nouveaux pêcheurs au bord de l’eau et de prendre « assez facilement » des truites. Dans cet article, je vous présenterai les aspects fondamentaux de la pêche de la truite aux leurres ainsi que quelques poissons nageurs, leurres souples ou cuillères indispensables pour traquer dame fario. Néanmoins, nous ne parlerons pas des cannes et moulinets pour la truite aux leurres ; nous explorerons le sujet dans un prochain article.

Dans quelles conditions pêcher la truite aux leurres ?

On le rappelait dans un précédent article, la pêche de la truite aux leurres ne doit pas être pratiquée toute l’année de la même manière sous peine de déconvenues. En effet, l’activité des truites varie énormément tout au long de la saison et elles ne réagiront pas de la même manière en mars dans une eau à 9 dégrés ou en juin lorsque les eaux se seront réchauffées. La température optimale pour la truite fario se situant aux alentours de 13 degrés ; c’est autour de cette température que son activité est la plus importante. Ainsi, pour bien pêcher la truite aux leurres, il faudra en premier lieu bien adapter la technique, le leurre et son animation aux conditions rencontrées et en particulier à la saison.

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Une belle truite d'ouverture pêcher au Illex Tricoroll

De l’ouverture et jusqu’à la fonte de neiges, les truites sont certes moins méfiantes qu’en fin de saison mais plus feignantes. A cette période, elles seront moins susceptibles de parcourir plusieurs mètres pour aller intercepter un poisson nageur ou un leure souple et il faudra ainsi pêcher plus lentement, proche du fond et au plus près des postes. Une excellente approche en début de saison sera de pêcher aval avec des leurres assez lourds pour tenir les veines et pour pêcher au ras du fond. L’idée sera de lancer à la perpendiculaire de la rivière et de laisser le leurre travailler tout seul en le retenant légèrement avec la bannière et en le faisant évoluer lentenment proche du fond. Plus on avancera dans la saison et plus on pourra pêcher rapidement et amont car les poissons seront plus enclins à se déplacer sur plusieurs mètres. Ceci est par contre à nuancer avec des conditions très chaudes où les eaux sont moins riches en oxygène et les truites plus léthargiques. Il faudra souvent ralentir ses animations et pêcher plein courant là où les truites bénéficient d’une eau riche en oxyège.

Bien évidemment au cours d’une même journée les conditions peuvent évoluer et les truites ne réagiront pas de la même manière le matin, le midi ou le soir. Les poissons se mettent en activités au gré de la température, de la luminosité ou de la présence d’éclosions d’insectes aquatiques. Lorsque les truites sont « dehors » et donc en activité, vous pourrez les rechercher au cœur des veines d’eau qui charient leur nourriture. C’est durant ces moments là où avec le bon leurre et la bonne animation vous pourrez enchaîner les touches. Ces phases d’activité sont plus ou moins longues et laisseront place à des périodes plus calmes où les truites regagnent leurs caches pour se reposer et digérer comme par exemple les berges creuses, les blocs rocheux où les souches d’arbres imergés. C’est à ce moment qu’il faudra pêcher ce type de postes et donc passer au plus près des caches. Dans ces cas là, vous pourrez varier les vitesses de vos dérives. Pêcher vite au plus près des postes pourra jouer sur l’aggressivité des truites et déclencher des touches de réaction. Pêcher lentement peu également être payant et insister sur une cache pourra finir par décider une truite un trop agacée par l’encombrant intrus.

Quels leurres pour la truite ?

Place maintenant aux leurres que vous pouvez utiliser pour dame fario. Il en existe des centaines et chaque pêcheur peut avoir ses préférences. Il existe néanmoins des valeurs sûres qui prennent du poisson depuis de nombreuses années et d’autres leurres plus récent qui sont redoutables. 

  1. Les leurres durs

C’est la catégorie de leurres qui a connue la plus forte explosion en termes de références ces dernières années et qui occupe aujourd’hui une place prédominante dans les boîtes des leurristes qui cherchent la truite. En premier lieu nous parlerons des jerks minnows, ces poissons nageurs à bavette à la forme effilées.

Les jerks

Les jerks les plus utilisés sur la truite sont les modèles coulants à flancs plats et les suspendings qui permettent de couvrir de nombreuses situations. Très utiles tout au long de l’année, vous pourrez varier les tailles et le poids suivant la zone prospectée, la puissance du courant et la taille de la rivière. La taille « passe partout » est d’environ 5 cm mais n’hésitez à monter bien plus haut dans des rivières même moyennes. La truite est un poisson qui peut être très agressif et surtout très territorial. Une truite de 30 cm n’héistera pas à attaquer un poisson nageur de 7 ou 8 cm, alors imaginez une grosse mémère de 50 cm ou plus. Utiliser un jerk de 10, 12 ou même 15 cm n’est absolument pas abérant si vous recherchez les plus jolis spécimens dans les grandes rivières comme l’Ain, le Tarn ou l’Isère par exemple. 

jerks

Les jerks coulants à flancs plats sont taillés pour ne pas décrocher dans le courant et pour pouvoir pêcher creux au plus près du fond. C’est une arme redoutable tout au long de la saison et vous n’aurez qu’à utiliser différents grammages suivant les débits des rivières ou la profondeur à laquelle vous souaitez pêcher. Ils supportent différents types d’animations et de prospections. Vous pouvez aussi bien les utiliser en pêchant amont à la belle saison en le twitchant plus ou moins régulièrement, que sur des pêches aval en le laissant nager dans la bonne veine d’eau au plus près du fond.  

Les jerks suspendings ont quant eux l’avantage de pouvoir rester à une certaine profondeur lorsque vous arrêtez votre animation, par contre ils nagent en général mal dans les forts courants. Ils excellent par exemple sur les grands plats et sur des pêches en aval en zone clame. Vous pouvez par exemple lancer en travers de la rivière en direction de la berge opposée et les travailler en les twitchant régulièrement tout en laissant le leurre descendre le courant. Varier la vitesse de récupération, la cadence des twichs et la durée des pauses pour voir de quelle humeure sont les truites. C’est d’ailleurs souvent à la reprise de l’animation que la touche survient.

Les cranckbaits 

Une autre famille de poissons nageurs moins utilisée mais pourtant très efficace sont les cranckbaits. Bien souvent flottants avec un profil trappu, ils seront également à privilégier dans les zones plus calmes avec une simple récupération linéaire. L’idéal est d’en avoir au moins deux ou trois exemplaires qui évoluent à des profondeurs différentes pour pouvoir couvrir différentes situations. Comme pour les carnassiers d’eau douce, c’est un leurre parfait pour délencher l’agressivité des truites même quand elles sont au repos. N’hésitez pas à les faire ricocher sur le fond ou sur les obstacles pour les faire brusquement changer de trajectoire ; sanction garantie !

Les modèles incontournables de poissons nageurs :

  • Le Rapala Countdown
  • Le smith D-Contact
  • Le Duo Ryuki
  • Le Illex Tricoroll
  • Le Illex Tiny Fry
  • Le Sakura Phoxy Minnow
  • Le Lucky Craft B’Freeze
  • Le Illex Chubby
  • Le Smith Camion  

  1. Les leurres souples

Les leurres souples n’ont pas encore connu le même essor que les poissons nageurs chez les pêcheurs de truites mais on constate tout de même que leur utilisation est en nette augmentation ces dernières années. Les truites les connaissent encore assez peu et de plus en plus de pêcheurs en font leur arme de prédilection pour tromper la méfiance des grosses farios. Shads, finesses ou encore créatures sont encore sous exploités et peuvent pourtant se montrer terriblement efficaces.

Les Shads

Les shads représente la famille de leurres souples qui a connue la plus forte explosion ces dernières années, bien aidée par l’engouement des pêcheurs de carnassiers et en particulier ceux qui recherchent le brochet ou le sandre. De même, les pêcheurs de truites aux leurres ont trouvé avec les shads des alliés de poids pour tromper la méfiance des truites et en particulier des plus gros sujets, souvent éduqués et méfiants face à d’autres types de leurres.

Par rapport aux poissons nageurs, les shads présentent l’énorme avantage de pouvoir pêcher creux et donc de pouvoir rejoindre rapidement le fond. Vous l’aurez compris, ils sont très utiles lorsqu’il faut prospecter méticuleusement les zones profondes et les fosses, là où se cachent bien souvent les plus grosses truites qui se sentent à l’abri sous plusieurs mètres d’eau. De plus, puisqu’ils sont souvent montés avec une tête plombée sur un hameçon simple, vous êtes directement en contact avec les truites lorsqu’elles attaquent le leurre. Une fois piquée, elles auront beaucoup plus de mal à se décrocher qu’avec un poisson nageur.

shads

De même que pour les jerks, les tailles autour de 4 à 7 cm sont les plus couramment utilisées mais encore une fois, n’hésitez à monter bien plus haut en taille si vous recherchez les grosses farios en grande rivière. Un shad de 10 ou 12 cm est une proie de choix pour une grosse mémère et suscitera bien plus d’agacement face une truite qui souhaite défendre son territoire par rapport à plus petit shad.

Pour l’animation faites simples. Une approche très efficace consiste à lancer trois quart amont en direction de la veine ciblée et de laisser votre leurre évoluer au plus près du fond en accompagnant la dérive avec votre canne et votre bannière. Ne tirez pas trop sur le leurre pour ne pas le faire sortir de la veine et adaptez le poids de la tête plombée à la puissance du courant, la profondeur et à la vitesse à laquelle vous souhaitez que vore leurre descende le courant. C’est une pêche qui ressemble beaucoup à la grande dérive avec des appâts naturels ou des nymphes artificielles.

Les leurres finesses

Moins utilisés que les shads, les leurres souples finesses peuvent être incroyablement efficaces, notamment sur les truites les plus méfiantes. Puisqu’ils « n’ont pas de caudales », ils emettent des vibrations beaucoup plus faibles et ils feront la différence lorsque les leurres bruiteurs ou qui brassent beaucoup d’eau comme les shads se montrent innefficaces.

En plus d’être plus discrets, ils sont également très polyvalents et on peut les utiliser de différentes manières. Ils sont très performants sur une tête « darting » qui permetttent de leur imprimer une nage erratique avec des tirées sèches en le laissant dévaler le courant. Vous pouvez aussi les monter sur une tête ronde classique ou alors football et les laisser pêcher « quasiment » tout seul au ras du fond un peu comme vous pêcheriez au toc en dérive naturelle.

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Une zone avec un courant lent et des caches bien marquées où les leurres finesses peuvent faire la différence

Les leurres créatures

Il s’agit d’une troisième famille de leurres souples très vaste mais malgré tout peu utlisée sur les truites. Nos regrouperons dans les créatures les imitations d’écrevisses, d’insectes et autres invertébrés aquatiques. Ces imitations peuvent être plus ou moins imitatives mais n’hésitez à sortir des sentiers battus et à utiliser des leurres typées black-bass par exemple que certains spécialistes de la truite aux leurres utlisent depuis de nombreuses années. Les pêcheurs minimisent souvent l’instinct de prédation et de curiosité des poissons. Un leurre qui ne ressemble à rien de se qui vie sous l’eau n’en sera pas forcément moins efficace s’il est bien utilisé.

Sur les rivières ou les lacs de montagne où la pression de pêche est forte, l’utilisation de créatures peut être redoutable en particulier sur les gros sujets qui ont vu passer des centaines de leurres conventionnels.

Quelques modèles incontournables de leurres souples :

  • Le Black minnow de Fiiish
  • Le Flash J Shad de Fish Arrow
  • Le Rockvibe de Reins
  • Le Keitech Easy Shiner
  • Le One up de Sawamura
  • Le Flash J Split de Fish Arrow
  • Le Gunki Kiddy
  • Le Gunki Naiad
  • La OSP Dolive Craw
  1. Les leurres métalliques

Dernière famille de leurres essentielle pour tout pêcheur de truite, les leurres métalliques. Nous parlerons ici essentiellement des cuillères tournantes et des ondulantes qui permettent de couvrir la majorité des situations. Présentes dans les boîtes des pêcheurs de truites depuis toujours, les cuillères étaient un peu tombées en désuétudes, car peut-être moins fun à utiliser que les poissons nageurs. Et pourtant, dans certaines situations, rien ne peut les détrôner ; particulièrement en été.

Cuillères tournantes

C’est LE leurre à truite par excellence. La cuillère tournante est utilisée depuis des décennies pour tous les carnassiers et la truite et son efficacité n’est plus à démontrer. Elle était un peu tombée aux oubliettes avec l’arrivée des poissons nageurs et des leurres souples mais elle semble faire son « come back » depuis quelques temps.

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Une zone typique à prospecter à la cuillère tournante où la rapidité de mise en action du leurre est primordial

Les pêcheurs de truite se sont vite rendu compte que dans certaines conditions la cuillère tournante était bien plus efficace que n’importe quel autre leurre. Dans les conditions d’étiage, en ruisseau ou sur des veines bien oxygénées en plein été la cuillère tournante est indispensable car elle permettra de pêcher sur de très courtes distances en rentrant imédiatement en action. Certains jours, seules les vibrations d’une palette tournante sont capables de déclencher l’agressivité des truites, là où un leurre imitatif n’aura aucune efficacité.

Les tailles 0, 1 et 2 sont les plus polyvalentes et couvriront la plupart des situations et tailles de cours d’eau. En ce qui concerne les couleurs des palettes de même ne vous prenez pas la tête. Argenté, cuivre / or et noire sont pour moi les 3 types de teintes à privilégier et qui vous permettront de vous en sortir dans la plupart des situations. Le choix des couleurs dépendra de la luminosité, de la couleur de l’eau et du fond de la rivière mais surotut du comportement des truites. Sur une rivière bien connue de l’Aveyron j’ai pu constater la supérioté des couleurs noires et cuivre par forte luminosité et argenté tôt le matin ou lorsque le soleil décline. Néanmoins, j’ai été confronté à l’extrême opposé dans un ruisseau de plaine où avec une faible luminosité les teintes foncées étaient bien plus efficaces que l’argenté. A vous de tester différentes teintes et voir ce sur quoi les  truites réagissent.

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L'utilisation d'un hameçon simple sans ardillon est permet de relâcher les poissons dans de bonnes conditions

Cuillères ondulantes

Dernier type de leurre de cet article et qui à mon sens mérite davantage d’intérêt c’est bien la cuillère ondulante. Grand classique pour pêcher le brochet, ce leurre représente une formidable opportunité pour aller chercher les grosses truites en grande rivière notamment. La densité de la cuillère ondulante en fait un véritable missile capable avec le bon matériel d’être propulsé très loin et de rester pêchant à grande distance. Deuxièmement, la vibration très spécifique de l’ondulante est bien différente de celle d’un shad ou d’une cuillère tournante et dans les secteurs avec une forte pression de pêche cela peut faire une grande différence.

Côté animation c’est plutôt simple. Vous pouvez effectuer un simple « lancer ramené » ou laisser votre ondulante se faire porter par le courant en la faisant planer plus ou moins haut dans la couche d’eau. Vous adapterez le poids de l’ondulante à la puissance du courant et à la profondeur à laquelle vous souhaitez la faire évoluer.

Quelques modèles incontournables de leurres méttalliques :

  • La Mepps Aglia
  • La Panther Martin
  • La Tiemco wobbling
  • La Smith Pure

Ayez confiance dans votre leurre et restez discrets

On a beau théoriser sur la pêche, c’est toujours le poisson qui au final décide. Ne vous prenez pas la tête à vouloir remplir vos boîtes de centaines de leurres en tout genre pour palier à d’hypothétiques situations. Mieux vaut avoir quelques poissons nageurs, leurres souples et cuillères sur lesquels on peut compter que de se noyer sous une montagne de matériels qui n’ont pas fait leurs preuves. C’est bien d’être curieux et d’essayer de nouvelles choses, mais si on a peut l’occasion d’aller au bord de l’eau autant optimiser son temps et le nombre de captures.

Néanmoins, une chose est sûre, avant de bien choisir son leurre il est primordial de rester un maximum discret au bord de l’eau, en particulier dans des zones peuplées de poissons sauvages qui sont extrêmement méfiants. Si vous devez pêcher les pieds dans l’eau avancez d’un pas léger et restez le plus à couvert possible avec la végétation des berges. On pense souvent qu’on n’a pas le bon leurre ou que les poissons ne sont pas actifs sur le spot que l’on pêche, sans réaliser qu’en fait on a fait le pas de trop dans l’eau qui a « calmé » toute la zone.

Nous espérons que vos prochaines sessions seront riches en truite, en plaisir et en découvertes !

Bonne pêche à tous

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